
Disclaimer: être optimiste n'est pas de la positivité toxique!
Pour commencer, mettons les choses au clair: je ne suis absolument pas pour la positivité toxique. Celle qui consiste à se dire obstinément que tout va bien, alors que non, ce n'est pas le cas! La maladie est réelle, les effets secondaires sont réels, la diminution de la qualité de vie est réelle, les risques sont réels. Se dire "je vais bien, tout va bien" n'est pas la solution. Cela ne va pas faire disparaître tout ça par magie.
Mais avoir un état d'esprit positif, ce n'est pas ça. Cela ne consiste pas à nier tout ça, cela ne consiste pas à refouler ses émotions. Au contraire, il faut commencer par les accepter, ces émotions négatives, il faut reconnaître les difficultés qu'on traverse. Et ensuite seulement, on va voir ce qu'on va pouvoir mettre en place pour se sentir mieux, pour retrouver de la sérénité et traverser tout ça en étant le moins abîmé possible. Parce que c'est ça, et uniquement ça, qui nous fera avancer: choisir comment on va réagir à tout, choisir comment on va envisager l'avenir.
C'est justement sur l'avenir que je travaille avec mes mantras, sur les issues incertaines d'un traitement ou d'un examen. Soyons réalistes, les deux peuvent arriver. Mais pourquoi focaliser sur l'issue négative uniquement? Pourquoi s'enfermer dans un état d'esprit pessimiste alors que ce n'est pas arrivé? L'issue positive non, plus, on est bien d'accord. Mais n'est-il pas plus doux, plus sain d'envisager que ça va bien se passer? En tout cas, moi je préfère, c'est ce qui me fait du bien, c'est ce qui me permet d'être plus sereine au quotidien, de m'épanouir. Même si une petite part de moi a pleinement conscience du risque d'être déçue.
Mais c'est un réel travail sur soi de rester positif. C'est pour cela que j'utilise deux types de mantras.

Mon mantra du soir
Chaque soir, avant de m'endormir, je me répète le même mantra. Il consiste à se baser sur ce qui est déjà arrivé et à décrire ce que je souhaite qu'il se passe dans mon corps. Je cherche à être la plus précise et la plus scientifique possible également. Pourquoi? Parce que je crois énormément au pouvoir du cerveau sur le corps et que je pratique la visualisation chère à la PNL (voir mon article dessus). Le cerveau est un atout puissant, et, encore une fois, c'est une carte que je choisis de jouer dans mon processus de guérison. Donc lorsque j'énonce tout ça, je cherche à visualiser toutes les parties de mon corps et les cellules qui y sont associées.
Voici ce que je me répète tous les soirs et qui correspond à ma situation:
" Je dors. Mon corps se détend. Mon corps est fort. Il fonctionne parfaitement bien. Il se régénère chaque jour. Il se guérit lui-même, et avec l'aide de la médecine, il se guérit encore plus rapidement, efficacement et définitivement.
La tumeur primitive a été enlevée, et aucune tumeur ne reviendra jamais.
Les métastases ont régressé, elles sont éradiquées de mon corps et aucune métastase ne reviendra jamais.
Les cellules cancéreuses ont régressé, elles sont éradiquées de mon corps et aucune cellule cancéreuse ne reviendra jamais. Les cellules saines les remplacent.
Le nouveau protocole de thérapie ciblée éradique les dernières cellules cancéreuses et je suis en train de guérir."

Le mantra que j'affiche
En dépit de ce rituel du soir, il m'arrive assez régulièrement de perdre confiance et de me sentir paralysée par l'incertitude et par la peur. Je pourrais très bien rester engluée dans ces émotions négatives, mais alors, je serais très pessimiste, désagréable, et cela m'empêcherait de profiter du moment présent. Ce sont des moments où j'ai clairement besoin d'un coup de boost.
Poser un mantra sur papier, c'est reconnaître que j'ai une difficulté réelle, mais c'est faire le choix de considérer qu'il y a aussi une issue positive possible.
Cela m'est arrivé avant de me faire opérer: j'avais peur que l'opération tourne mal, de subir une laparotomie, de devoir avoir une stomie temporaire ou non, de perdre trop de sang, d'avoir du mal à m'en remettre, de mourir, tout simplement. Il a donc été nécessaire pour moi de garder à l'esprit que rien ne s'était encore passé, et que tout pouvait également bien se dérouler. Comme cela a été le cas d'ailleurs! Avec le recul, je peux vous dire aujourd'hui que je m'en suis super bien remise!
Cela m'arrive encore lorsque je doute de l'efficacité d'un traitement, ou de ma guérison tout simplement. J'ai donc besoin de me rappeler que je suis en cours de protocole et que les dés sont loin d'être jetés. J'ai besoin de me rappeler que le traitement peut aussi très bien marcher, fonctionner au-delà de nos espérances. Comme cela a pu être le cas dans ma première phase de traitement, puisque la chimio avait même stérilisé des ganglions proches de la tumeur (ce qui est extrêmement rare selon mon oncologue). J'ai donc dû m'en refaire un dernièrement, car j'ai un peu de mal à m'habituer à mon nouveau protocole.
Quand rien ne s'est produit, tout est encore possible...