Préserver son couple malgré les épreuves

Bientôt 10 ans ensemble, dont 7 ans de mariage, et quelques épreuves au compteur: nous avons connu les galères des essais bébé infructueux, puis de la PMA pendant un an, et nous voilà maintenant au coeur d'un cancer. Je pourrais également mettre l'arrivée d'un enfant sur la liste, je suis pratiquement sûre que les parents comprendront de quoi je parle! Des histoires de séparation pendant une PMA, après la naissance d'un enfant (voire pendant la grossesse) ou après une maladie, j'en ai entendu pleins!

Malgré tout, au jour d'aujourd'hui, ces épreuves nous renforcent et notre couple en sort grandi. Ce n'est pas miraculeux, nous ne sommes pas spécialement chanceux, parce que je dirais que, tout simplement, nous travaillons dessus, mais vraiment.

La base: connaître son registre d'amour et celui de son partenaire

Le livre sur la PNL (https://www.lyrides.fr/post/ma-d%C3%A9couverte-de-la-pnl-pouvoir-illimit%C3%A9-d-anthony-robbins ) m'a ouvert les yeux sur ce sujet que je connaissais déjà un peu.

Il existe 5 registres d'amour sur lesquels se fondent les personnes pour se sentir aimées:

- les paroles valorisantes

- les moments de qualité

- les cadeaux

- les services rendus

- le toucher tactile

Pour une relation durable, il est très utile de savoir ce que l'on attend de son partenaire et ce que ce dernier attend de vous. Les débuts de relation sont toujours passionnés parce qu'en fait, nous utilisons naturellement tous ces registres. Sauf qu'au fil du temps, les efforts qu'ils demandent s'essoufflent, et on revient sur son registre à soi, qui n'est pas forcément le même que l'autre. Et en plus, ils peuvent varier au fil du temps. Avant, j'étais beaucoup sur le registre cadeaux (appelez-moi Gabrielle Solis, ah ah!). Sauf que maintenant, cela m'intéresse beaucoup moins (j'ai revendu beaucoup d'articles de chez Dior sur Vinted!). Je suis plutôt clairement "moments de qualité". Mon mari aussi a évolué: avant, il était plutôt sur le registre tactile, alors que maintenant, les paroles valorisantes le touchent davantage.

Etre au clair sur ces registres permet d'éviter des embrouilles inutiles, ainsi que les frustrations. En effet, si vous ne rendez que des services à une personne qui attend des paroles valorisantes, vous aurez l'impression de faire des efforts pour rien. Alors que, tout simplement, ce n'est pas la vision de votre partenaire.

Bien sûr, on nous dit qu'il faut être autonome dans une relation et ne rien attendre de l'autre, mais, soyons honnête, il y a des limites. Pour être épanoui dans son couple, on attend quelques petites choses de l'autre, non?

Si vous n'êtes pas au clair sur ces registres dans votre couple, n'hésitez pas à avoir une bonne conversation avec votre partenaire. La communication est également une clé pour une relation viable.

Bien sûr, c'est parfois douloureux, mais cela permet d'aller de l'avant. Avec mon mari, nous avons tous les deux un sacré tempérament. Ce qui nous a sauvé, c'est que nous avons appris très vite à discuter, et sans s'emporter. Si l'un ou l'autre est prisonnier de son émotion, cela ne sera pas productif, mieux vaut différer. Donc, à chaque fois que nous avons traversé une épreuve, nous avons toujours remis certaines choses à plat pour vivre ce moment difficile plus facilement.

Avoir des rituels

Préserver son couple, c'est avoir des moments pour se retrouver en tant que couple. Les enfants, la maladie rendent cela difficile, mais ce qui nous a beaucoup aidé, c'est que nous avions mis en place des rituels depuis l'arrivée de notre fils et que nous les avons toujours maintenus. Honnêtement, ce n'est rien de très foufou, mais ce sont des moments qui nous permettent de faire une pause dans notre quotidien et qui nous rechargent.

Le plus basique: manger en tête-à-tête. Nous avons pris l'habitude, chaque samedi soir, de nous faire un apéro dînatoire en amoureux. C'est notre petit rendez-vous de la semaine. Même si je n'ai pas beaucoup d'appétit ma semaine de chimio, je maintiens quand même parce que c'est un moment où nous nous retrouvons.

Le dimanche soir, pas de repas spécial, mais nous faisons quand même manger notre fils avant, juste pour pouvoir discuter et anticiper sur la semaine. Pour éviter la frustration de notre enfant, nous lui avons expliqué que nous avions besoin de ces moments pour rester amoureux, ce qui est totalement vrai!

Avant l'apparition du cancer, nous faisions également garder notre fils un week-end par mois: encore une fois, cela nous permet de souffler et de profiter à deux. Souvent, nous sortons, mais parfois, nous restons juste à la maison. Nous en profitons pour fêter les dates qui sont importantes pour nous, comme les anniversaires de rencontre, de mariage, ou la Saint Valentin (même si on dit que c'est commercial, moi j'aime bien tout fêter; et puis les cadeaux ou les bouquets de rose ne sont pas spécialement nécessaires!). J'ai bien conscience que, pour certains, cela peut être plus difficile. C'est vrai que nous avons la chance d'avoir les grands-parents qui habitent près de chez nous et qui sont ravis de garder leur petit fils. C'est du gagnant-gagnant. Et, pour le coup, c'est vraiment une chance!

Bon, je vous avoue que depuis le début des traitements, c'est assez difficile de maintenir ce rendez-vous mensuel: quand je suis en chimio une semaine sur deux, nous faisons déjà garder notre fils le mardi soir et le mercredi par un grand-parent deux fois par mois donc je n'ai pas envie de le laisser davantage. J'ai également envie de passer du temps avec lui. Mais c'est un choix qui m'est propre, parce que je me sens coupable malgré tout de pouvoir moins profiter de lui pendant cette période.

Une fois par an, nous prenons un week-end totalement off, à deux, du vendredi au dimanche. C'est un gros week-end en termes de temps de garde (pour mon petit coeur de maman, j'entends), mais aussi en termes de coût financier (même si, en général, c'est notre cadeau de Noël). Donc, pour l'instant, on s'accorde ce plaisir une fois par an. Mais comme on sait qu'on ne le fait pas souvent, je crois qu'on en profite encore plus! J'avais peur de ne pas pouvoir le faire cette année, mais on a quand même trouvé un créneau entre la fin de mon premier cycle de chimio et mon opération!

Il n'y a pas que les rituels à deux qui comptent: chaque individu doit pouvoir être épanoui par lui-même!

Nous nous accordons donc du temps séparément lors de soirées mecs ou de soirée filles. Cela nous fait un bien fou de pouvoir partager du temps avec nos amis, sans enfants!

L'épreuve de la maladie: le statut d'aidant

La maladie est une épreuve particulière pour un couple.

D'un côté, il y a moi qui me bat contre un cancer avec son lot d'effets secondaires compliqués, que seules les personnes qui le vivent peuvent comprendre.

Mais de l'autre, il y a le statut d'aidant direct, en général le partenaire, qui doit lui aussi encaisser tout ça. Bien sûr, il ne vit pas les difficultés de la maladie, mais il en vit d'autres aussi. C'est à lui de gérer la maison, les enfants et son travail. On a la chance de recevoir de l'aide de notre entourage, mais je pense que la personne malade doit lui reconnaître la difficulté de sa condition. Mon mari peut parfois être maladroit, mais lui aussi morfle un peu. Il est chef d'entreprise d'une PME, ce qui n'est pas facile: il lui arrive souvent de se lever aux aurores pour travailler avant de devoir s'occuper de notre fils quand je suis HS. Et le soir, rebelote, quand il le récupère.

Nous avons une répartition des tâches ménagères, mais j'essaye de le soulager un peu quand cela m'est possible. Cela ne me coûte pas trop d'effort de m'occuper un peu plus de la vaisselle ou de sortir la poubelle à sa place. Mais c'est toujours ça de moins qu'il a à faire. J'essaye aussi d'être la plus autonome possible pour ne pas trop lui peser.

Je pense que c'est important de prendre conscience des efforts que l'autre fait, parce que lui aussi vit une période difficile malgré tout.

En tout cas, c'est grâce à toutes ces choses que nous avons mis en place que nous sommes toujours épanouis, malgré tout!